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Réflexions motardes

mercredi 19 décembre 2007

Le motard a de nombreux ennemis naturels. L’automobiliste inattentif qui déboîte sans clignotant, les flaques de gasoil déposées avec amour par les poids-lourds le long des ronds-points, les bandes blanches toutes neuves, la bruine qui colle sur la visière et j’en passe ; sans parler de sa propension intrinsèque à ne pas être raisonnable [1] alors qu’il pilote un véhicule d’une instabilité certaine et revendiquée.

L’un des plus insidieux n’est autre que le froid. Tout irait bien si le motard était statique ; franchement, les températures actuelles, autour de -5°C, n’ont rien de terrible, j’ai encore souvenir d’hiver à -17°C dans la Marne quand j’étais gamin, ça m’empêchait pas d’aller galoper dans la neige.
Las, le motard roule. Plutôt vite. Donc il y a vachement plus d’air qui le refroidit. Donc il a l’impression d’avoir plus froid. Genre, à 10°C, nu sur sa moto [2] à cinquante kilomètres par heure, il aurait l’impression qu’il fait zéro. Et par moins cinq à cent trente, il se croira à moins trente ! [3]
Bref, quand il fait froid, le motard a plus froid que froid.

Plus qu’un problème de confort, c’est aussi une question de sécurité, parce que si on grelotte trop, ou qu’on a les doigts engourdis, au premier virage ou au second freinage, c’est la gamelle assurée.

Alors le motard s’équipe. Cher, très cher. Technique aussi : Gore-Tex, Micro-Thermo-Truc, weather-killer-sa-mère... Entre gants, casque, blouson et pantalon coordonnés et bottes, j’en ai déjà pour 1.000€ sur le dos. Ca m’a permis de passer la première vague de froid début novembre, puis de survivre à la bouillasse qui lui a succédé. Grand merci également aux pognées chauffantes, une bricole qui change la vie.
Mais là, à me taper quotidiennement vingt bornes de forêt embrumée puis cinquante kilomètres d’autoroute ventée, aller et retour, je crains de ne devoir bientôt amputer doigts et orteils.

Éprouvant encore quelque utilité à préserver mon anatomie, j’ai pris une drastique résolution. Non, pas de remiser la moto au garage pour l’hiver ; c’est pas de l’entêtement, c’est juste que là où je suis, les transports en commun tiennent du rêve, et qu’une fois rapproché de Paris, la voiture est la meilleure solution pour que j’assassine quelqu’un. Pas non plus changer de boulot, enfiin si, mais c’était déjà prévu et ça ne règle que partiellement la question.
Non, la mort dans l’âme, j’ai donc résolu d’investir dans des manchons. Ouais, ouais, les trucs hideux qu’on colle sur le guidon pour y blottir ses mains. Moquez-vous, gaussez-vous, mais venez donc passer quelques jours aux fins fonds de la Sibérie Gâtinaise, au-delà du cercle arctique, là où certains jours d’hiver le soleil ne se lève pas [4] et vous comprendrez.

Dont acte. Reste à les choisir, les-dits manchons. Petit tour sur le net, y’a un peu de tout, à tous les prix, du standard et du spécifique, de la moumoute acrylique et du gore-tex. Fait amusant, en modèles spécifiques, conçus pour s’adapter parfaitement à un guidon précis, on ne trouve que :
- des modèles pour scooters (genre pour les types qui ne veulent pas s’acheter de gants)
- pour Honda Deauville (le petit utilitaire routier par excellence)
- pour toute la gamme béhème

Et effectivement, c’est 97% de la population qu’on retrouve sur l’A6 ces derniers temps - encore que les scooters se raréfient depuis qu’on a enfoncé la barre des moins cinq.
Bon, les Deauville, je comprends, c’est bien souvent un outil de travail. Mais les béhèmes ? Le choix bavarois révèlerait-il une tendance au masochisme ??

Notes

[1] ma moto fait 85 chevaux, soit plus que les voitures que j’ai pu avoir avant ; pour un poids cinq fois moindre, motard inclus ; est-ce vraiment nécessaire ?

[2] quelle idée aussi !

[3] tout ça, ce sont des approximations, ne croyez pas les règles simples type "50km/h = -10°C" qu’on vous balance ici et là, les échanges thermiques dynamiques et leur ressenti par la peau n’ont rien de simple.

[4] c’est vrai, même pas exagéré en plus ; juré ! Venez donc voir !

1 Message

  • Réflexions motardes

    19 décembre 2007 12:45, par 2 2

    Mais on ne demande qu’à venir voir pour vous couvrir de cadeau, pour vous, pour elle, pour l’enfant à naître...

    Bon je répète pas mes voeux, hein, mais le cœur y est.


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